Jean Teulé est de
retour avec un nouveau roman, Fleur de
tonnerre, inspiré de l’histoire de la plus grande empoisonneuse du monde,
Hélène Jegado. Connaissant les œuvres précédentes de l’auteur, on se doute
d’ores et déjà que Fleur de tonnerre
est plus qu’une tueuse en série, et qu’elle a un petit quelque chose qui la
rend unique, digne de devenir le personnage principal d’une histoire qui va
captiver le lecteur…
Si dans Mangez-le si vous voulez, Jean Teulé
nous faisait assister au calvaire d’Alain de Monéys et nous arrêter à chaque
station de sa passion, il nous entraîne cette fois sur les traces d’Hélène
Jegado, nous obligeant à sillonner la Bretagne et à nous fixer dans chaque
ville où cette empoisonneuse a sévi de 1810 à 1851. Plus qu’à une suite de
meurtres, le lecteur assiste impuissant, non seulement à une hécatombe extraordinaire,
mais également à l’emprise des légendes bretonnes sur la psychologie de Fleur
de Tonnerre.
Fleur de Tonnerre,
c’est le surnom que lui donne sa mère. Sa mère, qui dès la petite enfance lui
farcit l’esprit des êtres merveilleux qui peuplent la Basse Bretagne ; sa mère,
qui ne cesse de lui parler de l’Ankou, l’ouvrier de la mort, à tel point que la
petite s’imagine en être elle-même l’incarnation. Sa mère, qui deviendra avant
longtemps sa première victime.
Jean Teulé réalise une
nouvelle fois un coup de maître. Le parcours de Fleur de Tonnerre est un sujet original, que l’auteur truffe
d’humour noir, avec comme point d’orgue ce procès, absolument délirant. Le réquisitoire
de l’avocat d’Hélène Jegado, plus particulièrement, atteint des sommets de
surréalisme tout en étant fidèle aux minutes enregistrées.
Que dire de l’écriture
avec laquelle l’auteur joue ? Comme dans L’œil
de Pâques, il s’impose une contrainte. Celle-ci, cette fois, concerne deux
personnages récurrents, deux perruquiers normands, qui projettent leur propre
étrangeté sur le parcours de la belle Hélène, puis s’en rapprochent
inexorablement avant d’être absorbés par elle comme elle le fut par l’Ankou.
Jean Teulé, par
l’efficacité de son pouvoir évocatoire, nous montre littéralement Fleur de
Tonnerre devenir cet être de légende, cet ouvrier de la mort, qui tue sans
distinction aucune, même ceux qu’elle aime. Le lecteur peut apercevoir l’Ankou,
l’ombre de Fleur de Tonnerre, l’envelopper et la posséder.
On ressent de la joie
perverse à suivre ainsi les tribulations de cette empoisonneuse. Le souffle
court, on l’entend gratter contre le mur et appeler ses victimes. Fleur de
Tonnerre fait du meurtre un plaisir orgiaque. Tout peut arriver, car c’est Jean
Teulé qui met en scène celle qui se prenait pour l’ouvrier de la mort. On ne
peut qu’applaudir et saluer le maître.
Jean
Teulé sera présent au Salon International du Livre de Québec le vendredi 12
avril de 19h00 à 20h00, le samedi 13 avril de 15h00 à 16h00 et de 19h00 à 20h00
et le dimanche 14 avril de 11h30 à 12h30 au kiosque 151. Il participera
également à la table ronde sur la part de fantaisie narrative dans les romans
historiques aux côtés d’Hervé Gagnon, Daniel Lessard et Jacqueline Lessard à la
scène des Rendez-vous littéraires, le samedi 13 avril à 18h00.
Jean Teulé, Fleur de Tonnerre, Julliard, ISBN :
978-2-260-02042-4
Marie-Pierre Laëns
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