Oui,
c’est un roman à l’américaine, mais de là à dire que l’auteur nous livre une
analyse de la société américaine, il y a un pas que certains critiques ont
franchi un peu trop allègrement. La
vérité sur l’affaire Harry Quebert est une grande fresque, à l’intrigue très
bien ficelée, qui n’hésite pas à remettre tout en question. Les personnages
sont hauts en couleur : la mère de Marcus serait parfaite dans des
sketches de one-man-show, Jenny, la serveuse, un personnage très fort qui n’est
pas sans rappeler Norma de Twin Peaks, Luther Caleb, inquiétant et trouble,
Nola _celle autour de laquelle tourne l’ensemble de l’énigme _, joue les
exaltées et cache une psychologie pour le moins complexe, Harry, vieux beau
perdu ou plutôt en perdition depuis que les restes de Nola ont été mis à nu
dans son jardin, Marcus, écrivain en panne d’inspiration dans sa vie comme dans
son œuvre…
C’est
à l’aide de ces personnages, que Joël Dicker arrive à nous attraper, mais c’est
avec son intrigue, qu’il nous fait définitivement prisonniers : une enquête
policière, des retours dans le passé sous des angles différents, qui apportent
une profondeur incroyable au tableau, des rebondissements jusqu’au dénouement
final, qui fait sursauter le lecteur.
Un
léger bémol, toutefois, pour quelques répétitions dans le texte, quelques
formulations maladroites, qui font penser à de la traduction. Une relecture
supplémentaire aurait pu épargner au lecteur une impression de doute, un peu
désagréable. Mais c’est tout à fait mineur : ce roman est rare. Joël
Dicker réalise un tour de force exceptionnel : Aurora et ses habitants
crèvent la page et prennent vie devant le lecteur, médusé.
La vérité sur l’affaire Harry Quebert est également un roman sur les écrivains et l’édition,
avec un chapitrage à rebours, des conseils d’écriture. C’est délicieux ! À lire
et à relire…
Marie-Pierre
Laëns
Joël Dicker, La vérité sur l’affaire Harry Quebert, De Fallois, ISBN :
978-2-87706-816-1
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