Servi par une plume incisive, ce
premier roman se distingue à plus d’un titre : l’enfant qui savait parler la langue des chiens, c’est l’histoire
extraordinaire de Julek, né en 1929 à Moscou de parents polonais et
communistes, qui va, à six ans, fuir avec sa mère en France. De changements d’identités
en déracinement, ce sont les bouleversements de l’Europe puis de la seconde guerre mondiale que
Joanna Gruda nous montre au travers du regard de cet enfant, son propre père.
On lit L’enfant qui savait parler la langue des chiens, comme un récit d’aventures,
comme un témoignage également. La naïveté de l’enfance apporte de la douceur à
des moments, qui pourraient sombrer dans la tragédie : il reste bien des
moyens de s’amuser en temps de guerre, y compris mettre le feu à des fusées de
l’Occupant pour s’offrir un beau feu d’artifice
! "Ce qu'il y a de bien avec les anguilles, c'est qu'on peut en cacher une dans son dos et la faire apparaître subitement devant le visage d'une fille. Cris et hurlements assurés!"
Le ton est frais, le discours
simple mais jamais simpliste et le tout sonne juste. On sourit, on dévore les
chapitres comme autant d’aventures rocambolesques et on se surprend à vouloir
rencontrer Julek-Julian-Jules-Roger, qui s’appelle en fait Ludwik,_ toute une
histoire et quelle histoire !
L’écriture pudique de Joanna Gruda
rend un vibrant hommage à son père et le fait accéder ainsi à la postérité. Un
beau cadeau à faire et à se faire !
Marie-Pierre Laëns
Joanna
Gruda, L’enfant qui savait parler la
langue des chiens, Boréal, ISBN : 978-2-7646-2216-2
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