Après Tes dernières volontés[i],
Laura Lippman ravit à nouveau son lectorat, amateur de suspense psychologique.
Quelle finesse et quelle dextérité ! Avec Celle
qui devait mourir, Laura Lippman aborde la société américaine dans ses
tragédies quotidiennes : les fusillades en milieu scolaire. Contrairement
à ce qu’un Européen pourrait supposer de prime abord, l’action ne se déroule
pas dans un établissement sensible, mais dans un lycée bourgeois.
À petites touches précises, Laura Lippman peint et dépeint la
reconstitution d’un drame, des personnages vrais, un enchaînement d’événements
plausible, inéluctable. L’angoisse monte au fur et à mesure des aller-retour
dans la vie de ces personnages principaux : trois lycéennes, amies d’enfance,
trois jeunes filles qui ont jadis prêté serment d’amitié…
Ce qui frappe dans ce récit, c’est le contraste, presque violent, entre
une certaine légèreté, propre à l’enfance, et l’ambiance pesante, ressentie dès
le deuxième chapitre quand le lecteur est immergé dans les couloirs de l’école,
quelques instants après la fusillade. L’absurde s’installe ainsi et va dominer
l’ensemble du roman, tel un démiurge malin ; car c’est lui, qui fait tout
basculer. Plus on insiste sur des normes superficielles et plus l’absurde s’installe,
prêt à faire basculer les existences. Tapi au cœur de l’égocentrisme, de l’ambition
dévorante des étudiantes et de leurs parents, il tire les ficelles jusqu’à ce
que chaque personnage devienne une marionnette du destin.
Le talent de Laura Lippman est indéniable. Si le lecteur tente d’y
résister, de ralentir le rythme, comme s’il pouvait éviter l’inéluctable, il
finit par céder, dévoré de curiosité. Laura Lippman nous emmène là où personne
ne veut aller et pourtant, nous la suivons sans hésiter…
Marie-Pierre Laëns
Laura Lippman, Celle qui devait mourir, Éditions
Toucan, ISBN : 978-2-8100-503-1
[i]
Paru en grand format aux Éditions Toucan, en décembre 2011, ISBN : 978-2-8100-0443-0
et en format de poche chez Points, en janvier 2013, ISBN : 978-2-7578-2859-5
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